Au commencement

1. « Au commencement... » Publié(e) : mer 26 sep 2007 18:06 CEST

      L'envie me pressait depuis de longs mois, mais il me semblait que cela ne pouvait être que fort commun. Il y a pourtant de rassurantes autorités en la matière, et puis ce qui est intéressant dans le blog, c'est qu'il n'y a personne pour décider à ma place que ce que j'écris n'en vaut pas la peine, et que, même si personne ne le lit (comme dit Montaigne dans les Essais, "Et si personne ne me lit..."), au moins j'aurais eu plaisir à l'écrire. La simple idée de court-circuiter l'industrie éditoriale, moi qui suis d'une susceptibilité maladive, et d'être mon propre éditeur, me sied à merveille.

      Mon journal  - ces cahiers amassés dans un grenier poussiéreux en proie à la fringale des petits rongeurs et à l'humidité - ne sert à personne sinon à moi, et il me semble qu'un Gide ou qu'un Kafka non seulement eussent gagné à écrire un blog, mais encore n'eussent pas été identiques s'ils en avaient écrit un, lu au jour le jour par un large public virtuel, évitant par là même les tracasseries diverses tant des correcteurs malappris que des lecteurs proches qui se sont sentis visés. Au surplus, il me semble que la seule perspective d'une publication dans la soirée suivant l'écriture a une influence certaine sur la physionomie même dudit blog. L'énonciation est alors toute lestée du poids considérable du destinataire collectif virtuel qui aura bientôt accès à votre production, et l'excitation qui s'ensuit accroît ("quand l'effet se recule", comme dit le potache citant Corneille).

     Seulement voilà, je ne suis rien moins que sûr que les mots-clés que j'ai choisis pour cataloguer mon blog soient une source d'excitation pour beaucoup de compulseurs de ce genre-là. Je m'y tiendrai cependant, puisque enfin c'est véritablement pour moi que j'écris avant tout, quand bien même je serais flatté qu'un seul lecteur soit venu me rendre visite. Il sera bienvenu comme il se doit. Je ne crois pas, pour l'heure, être boulimique de gloire et de reconnaissance.

S'il appert que cela reste lettre morte, je me persuade que je n'en serais pas mortifié ni marri, tant il est vrai que je me complais dans l'écriture. Au cas, néanmoins, où d'aucuns s'y seraient laissé tenter, je me ferais un plaisir d'allonger la liste de mes écrits (peut-être même à la demande), et d'enrichir le coaching orthographique et grammatical que je suis dorénavant honoré de lancer dans le grand monde.