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Les Carnets du vicomte

Les Carnets du vicomte

Les cours de littérature n'étant pas réservés à des jeunes gens, et mes remarques sur la langue française nécessitant d'être partagées, j'ai cru bon de les transmettre par le biais de ces carnets.


Journal de réflexion (1)

Publié par Le vicomte sur 1 Octobre 2013, 07:11am

1. 1. La pulsion scopique qui détermine l'excitation sexuelle est importante, mais elle me paraît moins déterminante que cette espèce de magnétisme qu'entraîne le toucher, associé au rôle des odeurs (jusqu'aux phéromones bien sûr). Il est intéressant de comprendre que nous sommes, dans ce cas, jouet de nos humeurs comme disent les anciens, que la chimie du corps fait de notre conscience autre chose qu'elle n'est dans les situations normales. Soit on décide que cet autre monde, celui de l'excitation sexuelle, est dangereux et immoral d'une certaine manière (circonscrit au couple, à la procréation...), soit on laisse faire la nature et exulter le corps de même que l'esprit, afin de se libérer de l'étreinte du désir sexuel, qui peut être si terrible quand inassouvi. Il va de soi que, si l'on s'en tient à ces explications chimiques, nul n'a le droit de décider si je dois rester dans un camp (celui du couple avant tout), ou dans l'autre (celui de l'assouvissement source de plaisir et de partage).

     2. Pas plus que les parents ne sauraient aisément revenir à ce qu'ils étaient, adolescents, pour envsager la bonne manière d'éduquer leurs enfants pubères, les enseignants ne sont à même simplement de se mettre à la place des élèves lorsqu'ils ont du mal à comprendre. Il est possible, par une espèce de rappel progressif, comme en escalade on descend en rappel, de retrouver un état proche de cette naïveté, mais c'est à la suite d'une réaction d'adulte, bien première celle-ci, qui nous fait nous indigner de ce qui nous paraît incompréhensible. Il en va ainsi de l'enseignement de l'esprit critique, que nous nous faisons fort de prodiguer à toute une génération, et qui semble valider le bachotage, la bloque comme disent les Belges, qu'on inflige aux élèves. Rien, à nous professeurs de lettres, ne nous paraît plus transparent que l'esprit des Lumières, que nous soufflons par le truchement des textes des Philosophes du même nom. Cependant, ces textes ne sont jamais simples à comprendre, et l'idée qu'ils ont entraîné la Révolution française est critiquable d'un point de vue historique. Du reste, l'esprit critique s'agite derrière ces connaisances nouvelles comme un fantôme derrière son linceul, et il faut du temps pour que l'élève soit véritablement touché. Soit, en effet, l'on se contente de la formulette tirée d'un texte de Kant "Les Lumières c'est l'humanité arrivée à sa majorité" et de sa formule tirée d'Horace sapere aude – et le risque de caricaturer est grand – soit on a l'ambition d'entrer dans des détails qu'on juge nécessaires – et les nuées entourent un objet qu'on voudrait consensuel. La difficulté est que les élèves, parce qu'ils sont nés après le XVIIIe siècle, et qu'ils vivent dans une ère d'avancées technologiques, ont tous l'impression de participer de cette majorité de l'humanité et que ce sont des tautologies que ces textes de Rousseau, de Diderot et de Voltaire. Corollairement, tout ce qui précède n'est que ténèbres et futilités, et il n'est pas rare de leur entendre dire qu'avant la sexualité était interdite, les Français tous fervents catholiques et qu'on n'usait pas de sa raison avant que cette espèce de programme politique ait été lancé.

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